Quand les industriels jouent sur différentes variables pour masquer la hausse des prix

Depuis de nombreux mois, les chiffres de l’inflation rythment notre quotidien. En effet, les prix n’ont quasiment pas cessé d’augmenter depuis janvier 2021 pour atteindre un niveau record : une hausse des prix de 6,2% en octobre 2022 par rapport à octobre 2021. Cette inflation touche de nombreux secteurs et notamment celui de l’alimentation. Plusieurs raisons à cette hausse des prix sont avancées comme la hausse du prix des matières premières, la hausse du coût des emballages ou encore la guerre en Ukraine, pays duquel proviennent de nombreuses matières premières. Dans ce contexte, les industriels, qui se livrent une guerre des prix sans merci dans un marché de l’agroalimentaire où la concurrence est forte, sont à la recherche de nouvelles solutions pour se démarquer de leurs concurrents.

Le 30 août 2022, France info révèle l’apparition d’une nouvelle pratique appelée la « shrinkflation ». Contraction du verbe « shrink », qui signifie « rétrécir » en français et du mot inflation, ce phénomène correspond, dans un contexte de hausse des prix, au fait de diminuer la quantité de produit présente dans un paquet, afin que le prix du paquet reste le même. Cette pratique permet de masquer la hausse du prix du produit sans que le consommateur ne s’en rende compte. Par exemple, la marque Salvetat a décidé de diminuer la taille de ses bouteilles qui est passée de 1,25 litre à 1,15 litre. La marque Lindt a, quant à elle, enlevé 6 bouchées à ses boîtes de la gamme “Les Pyrénéens” en les passant de 30 à 24 chocolats. Au total, ce serait environ 2% des produits qui seraient impactés par ce phénomène.

A côté de cela, une autre pratique émerge, celle de la « cheapflation ». Ce mot provient de la contraction de l’anglais « cheap », qui signifie « bon marché » et du mot inflation. Cette pratique est caractérisée par le remplacement de certains composants par des composants moins chers ou des substituts. Les industriels jouent ici sur la variable qualité afin de ne pas augmenter le prix de leurs produits. Néanmoins, les clients ont l’impression de toujours acheter les mêmes produits.

La question de l’éthique de ces pratiques se pose. C’est ce que dénonce l’organisation Foodwatch dans son rapport du 2 septembre 2022. En effet, ils pointent du doigt l’opacité de ces pratiques. Ils contestent le fait que les clients ne soient pas prévenus explicitement du changement de contenance des produits qu’ils achètent et de ce fait, se sentent trompés une fois qu’ils ont découvert ce changement. D’un point de vue légal, les industriels sont entièrement dans leur droit tant qu’ils indiquent bien sur l’emballage la bonne quantité ainsi que les ingrédients qui se trouvent dans le produit. Pour s’en assurer, la DGCCRF (Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes) a ouvert une enquête pour évaluer la transparence de ces pratiques.

Pour le consommateur, il n’existe qu’une seule solution pour se prémunir de ce phénomène, regarder attentivement les étiquettes des produits.

Antonin Lépy

Étudiant depuis 4 mois en M1 SMRC

Webographie

https://www.francetvinfo.fr/sante/alimentation/des-quantites-en-baisse-mais-des-prix-en-hausse-foodwatch-denonce-la-shrinkflation-sur-certains-produits_5335765.html

https://www.novethic.fr/actualite/economie/isr-rse/shrinkflation-cheapflation-ces-astuces-des-industriels-pour-augmenter-les-prix-en-toute-discretion-151059.html

https://www.750g.com/vous-etes-certainement-victime-de-reduflation-sans-le-savoir-quand-vous-faites-vos-courses-a31765.htm

https://www.foodwatch.org/fr/communiques-de-presse/2022/shrinkflation-la-taille-des-aliments-diminue-en-catimini-tandis-que-les-prix-gonflent/